par T. Austin-Sparks
Chapitre 2 - Le Caractère de l'Instrument du Seigneur pour la Restauration
« N'est-ce pas ici le jeûne que j'ai choisi, qu'on rompe les chaînes de l'iniquité, qu'on fasse tomber les liens du joug, et qu'on renvoie libres les opprimés, et que vous brisiez tout joug? N'est-ce pas que tu partages ton pain avec celui qui a faim, et que tu fasses entrer dans la maison les affligés qui errent sans asile? quand tu vois un homme nu, que tu le couvres, et que tu ne te caches pas à ta propre chair? Alors ta lumière jaillira comme l'aurore et ta santé germera promptement, et ta justice marchera devant toi, la gloire de l'Éternel sera ton arrière-garde. Alors tu appelleras, et l'Éternel répondra; tu crieras, et il dira: Me voici. Si tu ôtes du milieu de toi le joug, si tu cesses de montrer au doigt et de parler vanité, si tu prodigues ton âme à l'affamé, et que tu rassasies l'âme de l'affligé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et ton obscurité sera comme le midi. Et l'Éternel te conduira continuellement, et rassasiera ton âme dans les sécheresses, et rendra agiles tes os; et tu seras comme un jardin arrosé, et comme une source jaillissante dont les eaux ne trompent pas. Et ceux qui seront issus de toi bâtiront ce qui était ruiné dès longtemps; tu relèveras les fondements qui étaient restés de génération en génération, et on t'appellera: réparateur des brèches, restaurateur des sentiers fréquentés. Si tu gardes ton pied de profaner le sabbat, de faire ton plaisir en mon saint jour, si tu appelles le sabbat tes délices, et honorable le saint jour de l'Éternel, si tu l'honores en t'abstenant de suivre tes propres chemins, de chercher ton plaisir et de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en l'Éternel, et je te ferai passer à cheval sur les lieux hauts de la terre et je te nourrirai de l'héritage de Jacob, ton père: car la bouche de l'Éternel a parlé. », Esaïe 58 :6-14.
Nous en arrivons maintenant à la deuxième chose, l'instrument de la restauration; car c'est le rétablissement du témoignage entier et complet, selon la pensée de Dieu, qui est représenté par l'reuvre de Néhémie, et tout spécialement, le rétablissement du témoignage de Dieu à l'égard du monde et des hommes.
Nous répéterons cette affirmation générale: ce que nous avons en Esdras et en Néhémie, c'est le témoignage de Dieu touchant Son Fils Jésus Christ, et ceci à une triple signification. Le témoignage concernant la Croix, dans l'Autel ; le témoignage concernant l'Église, dans la Maison; le témoignage à l'égard du monde, des nations et des hommes, dans la Muraille. C'est donc Christ au centre, et Christ à la circonférence. C'est la plénitude de Christ, du centre à la circonférence, que nous avons ici, et en ce qui concerne tout particulièrement la Muraille. La Muraille représente la séparation, quant à ce qui est de Christ et à ce qui n'est pas de Christ, quant à ce qui est selon le Fils de Dieu et à ce qui n'est pas selon le Fils de Dieu ; car la Muraille est la limite, la ligne de démarcation, quant à ce qui est à l'intérieur du témoignage de Jésus et à ce qui est extérieur à ce témoignage. Ce sont là des remarques générales, dont, l'intention est de nous aider à saisir toute la portée de ce livre.
Cela dit, nous arrivons à ce deuxième facteur de l'instrument du rétablissement, à l'homme, à Néhémie. Nous nous souviendrons certainement que Néhémie représente quelque chose. Ce qu'il était en son temps, c'est ce que Dieu cherche à avoir à la fin de cet âge, non pas peut-être en un homme remarquable, bien qu'il doive y avoir un ministère individuel à cet égard, mais plus spécialement dans un instrument corporatif, une compagnie en laquelle le Seigneur recouvrera le témoignage entier, concernant Son Fils. Ainsi, ce qui nous est dit de Néhémie a en tout temps son application pour un instrument semblable, lorsque cet instrument est appelé à l'existence par le Seigneur, pour l'accomplissement de Son plan. Il est bon et utile de reconnaître la différence qu'il y avait entre ces deux hommes qui représentaient ce mouvement de Dieu, Esdras et Néhémie; et il y avait une différence. Je pense que nous pourrions à peu près la dépeindre de celte manière : Esdras avait davantage le caractère d'un prêtre, tandis que Néhémie avait plutôt les traits d'un prophète. Si vous laissez votre pensée s'arrêter sur la Parole à l'égard de ces deux termes, vous comprendrez ce que j'entends. Esdras était un homme plus calme, peut-être plus paisible que Néhémie ; nous pourrions dire qu'il était un homme plus doux que Néhémie.
Néhémie était plus rude, plus dur; il était un homme marqué pour l'action, une action prompte et énergique. Esdras semble être marqué davantage par la pensée, non qu'il ne fût pas un homme d'action ; mais s'il y eut une différence entre ces deux hommes, c'est que Néhémie a été un homme d'action plutôt que de pensée, plus que ne l'était Esdras. Néhémie cependant était bon et attentif à l'égard du peuple, hospitalier et protecteur; toujours il cherchait à aider. Mais à l'égard des intérêts divins et des principes spirituels, comme à l'égard des ennemis de ces intérêts et de ces principes, il était intransigeant, zélé et jaloux, strict et prompt ; rien ne lui échappait. Nous le mentionnons, parce que cela marque un aspect divin des choses. Des aspects différents sont nécessaires aux différentes spécificités du dessein divin; certaines caractéristiques appartiennent à certains aspects dans l'œuvre que Dieu accomplit. Pour Esdras, qui est celui qui doit construire la Maison, l'orner et l’embellir, il faut de la quiétude. C'est ainsi que nous trouvons en lui une sérénité, un amour qui édifie. Mais lorsqu'on en arrive à la question des éléments étrangers, profanes, hétéroclites et hostiles, qui ont imprégné les choses de Dieu et qui ont fait tomber le témoignage de Dieu dans la ruine et le discrédit, et qu'il s'agit d'affronter les forces qui s'opposent au nom et à l'honneur de l'Éternel, l'on passe alors du premier chapitre des Éphésiens au dernier; on a laissé l'amour qui édifie pour la lutte dans les lieux célestes; et ce sont des traits différents qui sont développés dans Esdras et Néhémie.
Le caractère d'un Néhémie paraît donc pour une phase comme celle-là. Nous voyons que, lorsqu'il s'agit de recouvrer les intérêts du Seigneur, en un jour où les forces de l'ennemi s'opposent désespérément à ces intérêts et à ce témoignage, le Seigneur doit développer en Son instrument ces éléments et ce caractère agressif; un Néhémie n'est donc pas un homme doux comme un Esdras. Cela est clair, cela est parfaitement évident ; mais cela met à nouveau pour nous l'accent sur ce dont le Seigneur a besoin au temps de la fin, alors que nous avons tout particulièrement à faire face aux forces étrangères à l'intérêt du Seigneur, aux forces qui cherchent à miner, à saper Son témoignage, à en causer la destruction, et qui s'en sont déjà emparé, comme nous l'avons vu dans les neuf choses mentionnées plus haut. Les caractéristiques de Néhémie sont la vigueur et l’intransigeance, voilà ce qu'il faut en un jour comme celui-ci. Il y a une douceur qui prend le nom d'amour et qui peut faire beaucoup de mal au témoignage; car elle permet à beaucoup de choses de rester secrètes, couvertes, à des choses qui agissent séditieusement contre le témoignage du Seigneur, et cette douceur étouffe le témoignage avec ce que nous appelons l’amour et la tolérance, alors qu'il faudrait un Néhémie pour les évincer et les bannir. Il dit à l'égard de quelqu'un qui avait transgressé : « Je le chassai d’auprès de moi. », Néhémie 13 :28.
Et il fit plus encore, comme vous vous le rappellerez sans doute. Esdras et Néhémie ne représentent pas nécessairement des temps différents, mais seulement des phases différentes de responsabilité à l'égard des intérêts du Seigneur.
Si nous considérons plus profondément dans le cœur de Néhémie, nous comprendrons qu'il était un homme ayant un grand fardeau sur le cœur. Il portait très lourdement dans Son cœur les intérêts du Seigneur et Son témoignage. Son frère Hanani était venu à lui dans son exil lointain, et il lui avait décrit l'état des choses à Jérusalem. C'est ainsi que s'ouvre le livre, et Néhémie lui-même nous raconte combien ce récit l'avait affecté : « Et lorsque j'entendis ces paroles, je m'assis et je pleurai; je menai deuil [plusieurs jours], et je jeûnai, et je priai le Dieu des cieux. », Néhémie 1 :4.
C’est cela avoir un lourd fardeau sur le cœur. Ce fardeau de son cœur est porté avant tout dans la présence seule de Dieu. Puis, sortant de la présence de Dieu, il porte toujours ce fardeau, et il devient évident que cet homme a un chagrin. Malgré lui, malgré ce que l'on aurait attendu de lui, malgré ce qui était interdit en la présence des hommes, le fardeau de son cœur se révèle. « Or j'étais échanson du roi. – je pris le vin et le donnai au roi; et je n'avais pas été triste en sa présence. Et le roi me dit: Pourquoi as-tu mauvais visage, et pourtant tu n'es pas malade? Cela n'est rien que de la tristesse de cœur. Alors j'eus extrêmement peur. Et je dis au roi: Que le roi vive à toujours! Pourquoi mon visage ne serait-il pas triste, quand la ville, le lieu des sépulcres de mes pères, est dévastée, et que ses portes sont consumées par le feu. », Néhémie 1 :11, 2 :1-3.
C'en est assez pour nous montrer une chose de plus, quant à la nature et à la condition d'un instrument, qui puisse être employé par le Seigneur pour le rétablissement de Son témoignage entier. Cet instrument est quelqu'un, et doit être quelqu'un, sur le cœur duquel pèse lourdement un état de choses si nettement contraire à la pensée pure de Dieu. Nous avons montré de quel ordre était ce fardeau du cœur de Néhémie.
C'est une chose, bien-aimés, que d'avoir une sorte de préoccupation publique à l'égard des choses, et de se mettre à faire beaucoup de bruit à leur sujet au milieu des hommes, de publier, de démontrer et de donner à tout cela une forme publique, par l'expression, l'effort et l'organisation, de nous rattacher à une certaine cause ou de lier une certaine cause à nous-mêmes, pour en faire ensuite une très grosse affaire; cela, c'est une chose. Et il peut s'y trouver toute sorte d'éléments qui manquent précisément de ce qui est essentiel et nécessaire aux yeux du Seigneur. C'est une chose que d'entrer dans une situation par l'extérieur et de nous joindre à elle, de nous en charger et d'en faire l'œuvre de notre vie. C'est une tout autre chose, lorsque le Seigneur met dans nos cœurs, dans le secret, un fardeau presque insoutenable, intolérable, qui est le fardeau de Son propre cœur, et de porter ce fardeau secrètement dans nos cœurs, en la présence de Dieu, dans une prière profonde, appliquée et diligente; c'est une chose toute différente que d'entrer dans les intérêts du Seigneur de cette manière. Il y a beaucoup de monde qui peut s'intéresser à une cause, qui peut se mettre à un travail qui nécessite leur secours, mais c'est une autre chose que d'avoir avec Dieu une communion spirituelle, qui permet à Dieu de mettre Sa douleur dans notre propre cœur. La différence consiste en ce que, dans le premier cas, la chose est objective; nous y venons, nous nous y intéressons, nous nous en chargeons, mais la chose reste à part de nous-mêmes. Elle a notre intérêt, elle a notre énergie, elle a nos ressources, mais elle reste objective pour nous. C'est un travail, un mouvement, un témoignage (employant ce mot dans son sens technique). Mais dans le second cas, nous prenons une responsabilité devant le Seigneur.
Avons-nous remarqué ce « nous » au sixième verset du premier chapitre ? Néhémie fait partie de cela, et cela est une part de Néhémie. Avez-vous remarqué, alors qu'il s’engage pour l’œuvre du Seigneur, comment il emploie ce mot « nous ». Il est en dehors de toutes ces choses, en ce sens qu'il n 'en a pas accepté les conditions ; il n'est pas responsable de cet état de choses; il répudie certainement la chose tout entière et ne lui donne pas un seul instant son approbation; et cependant il est en cette chose comme s'il en était responsable, comme si Dieu l'avait déposée tout entière devant sa porte. La chose est si près de son propre cœur, qu'il ne se tient pas ici tandis que la situation est là; il se fait un avec elle. Elle est son propre fardeau, et il prend la responsabilité de la chose Sur ses propres épaules ; il la porte devant Dieu dans la prière ; et dans sa prière, il se substitue à cette situation. Cela, c'est être à l'intérieur. Si l'homme lui-même avait été personnellement responsable de la destruction de Jérusalem, de la ruine des murailles et des terribles conditions morales du peuple de Dieu qui s'y trouvait, s'il avait été l'une des causes de tout cela, il n'aurait pu prendre cette chose plus à cœur. Néhémie est comme un homme convaincu de sa responsabilité, à l'égard de tout ce qui se passe.
Nous devons voir la sorte d'instrument que le Seigneur doit avoir pour accomplir Son œuvre. Il ne veut pas des « ouvriers » qui entreprennent Son ouvrage; Il désire des travailleurs, qui travaillent et souffrent avec Lui pour Ses intérêts spirituels. Il ne veut pas d’employés, Il désire des fils. Il ne demande pas des experts, Il recherche ceux qui ont une passion, ceux au cœur desquels toute la chose apparaît si clairement, une passion qui les fait plier devant Lui dans un serrement de cœur, ceux qui sont tellement entrés dans la situation, qu'elle est devenue leur situation devant Dieu; elle est à eux. Ce n'est pas une simple appréhension mentale de la doctrine et de la vérité; c'est un fardeau du cœur, une préoccupation désespérée pour le Seigneur, à cause de ce que sont spirituellement les choses parmi Son peuple. Sommes-nous exercés de cette manière ?
Sommes-nous comme cela ? Sommes-nous ainsi dans les choses ? Est-ce que nous avons entrepris un ouvrage pour le Seigneur, en nous associant à une certaine cause, ou bien en sommes-nous arrivés à avoir dans notre âme le propre fardeau et la douleur de Dieu, une chose qui désormais absorbe notre vie, pour laquelle nous sacrifions tout, une chose qui nous coûte et que cependant nous ne pouvons pas délaisser ? Il n'est pas question de donner sa démission, ni d'abandonner, la chose fait partie de nous-mêmes! C'est ceci que Dieu doit avoir à la fin, pour l'accomplissement de Son dessein; et je pense que, si nous n'en disions pas davantage, ces paroles seraient déjà un défi à nos cœurs. Oh! dépouillons-nous de la masse de toutes ces autres idées, qui veulent organiser quelque chose, développer quelque chose, poursuivre un mouvement. Veillons à ce que ce soit Dieu qui suscite Son œuvre, à travers le labeur. Il cautérise l’âme dans une angoisse; Il laisse tomber sur un homme ou sur une petite compagnie le fardeau de Son propre et terrible désappointement, de Son déplaisir et de Sa douleur devant l'état des choses telles qu'Il les voit spirituellement parmi Son propre peuple. C'est ainsi que Dieu amène les choses à l'existence. Les hommes le font de manières différentes, mais cela a toujours été la méthode de Dieu. Il en a toujours coûté sa vie à l'instrument. Cela ne signifie pas nécessairement que l'instrument doive être frappé d'une mort subite, ni même qu'il doive perdre sa vie dans le martyre; mais il en a coûté sa vie à l'instrument. Sommes-nous dans les choses de Dieu de cette manière ?
Tel est Néhémie. Nous plongeons nos regards dans l'histoire intime et secrète de cette chose; elle est devant Dieu, non pas devant les hommes. Oh! que le Seigneur nous garde d'avoir de la prépondérance devant les hommes, et une moindre mesure devant Lui. Que tout ce qui paraît devant les hommes découle de ce que nous sommes devant Dieu. Cela devrait être pour nous un sujet de profonde réflexion et de sérieux examen, pour vous, pour moi; et nous devrions demander au Seigneur que notre vie secrète avec Lui, à l'égard de ces choses, soit gardée bien en équilibre avec tout notre ministère public et nos activités extérieures. Si la balance l'emporte du côté de ce qui est public et à l'égard des hommes, cela signifie faiblesse et faillite. La force et l'efficacité dépendront de la mesure de notre histoire secrète avec Dieu.
C'est ensuite, en sortant du lieu secret, que Néhémie porte le fardeau de son cœur devant les hommes, mais non pas pour commencer et afin que les hommes en tiennent compte. Il l'aurait volontiers caché, je pense, car nous trouvons ici, lorsqu'il se voit surpris, lorsqu'il comprend s'être trahi, de la crainte, inconsciente peut-être, certainement involontaire. Et cependant la manifestation du fardeau a une juste place, lorsqu'elle se produit de cette manière et que, extérieurement, les autres peuvent faire attention à nous et dire: « Il n'y a rien d'arrangé dans cette affaire; ce n'est pas simplement une question professionnelle; ce n'est pas une habitude, une chose à laquelle ils se sont simplement intéressés; cela est pour eux une question de vie et de mort; c'est une chose qu'ils ont au fond de leur cœur ». Et les hommes sont capables de discerner s'il en est ainsi ou non. Oh! les hommes savent, peut-être mieux que nous ne le pensons, si nous sommes sincères ou s’il s’agit d’une prétention, si nous leur apportons ce que nous avons lu dans un livre ou si nous parlons de ce qui est dans notre cœur, si nous avons une chose qui a été recueillie, ou si c'est quelque chose qui est né du labeur intérieur. Je parle aux frères à qui est confié plus spécialement un ministère public. Puis-je insister auprès de vous pour que vous cherchiez toujours à exercer vos cœurs profondément, à l'égard de tout ce que vous avez à dire publiquement. Oui, cela vous coûtera; cela signifiera du labeur; cela signifiera tristesse du cœur ; cela engendra un coût; mais, bien-aimés, c'est le chemin qui produira du fruit et qui spirituellement sera efficace. C'est la seule voie par laquelle le Seigneur peut faire de vous Son messager dans Son message, c'est à dire que les choses qui sont exposées doivent être un signe pour le peuple de Dieu. C'est ainsi que les hommes pourront dire : « Oui, cela n'est pas quelque chose qu'il a lu, ou étudié, ou préparé; c'est quelque chose qui a eu une action dans sa vie et qui lui a coûté quelque chose ». Cela coûtera, mais c'est le moyen de l'efficacité et du service qui porte du fruit. Et ce qui est vrai du ministère public le sera aussi de tout instrument que le Seigneur emploie pour un but spécial. La chose doit être cautérisée et vécue en lui, et non pas simplement adoptée. Que le Seigneur nous garde d'adopter des choses, mais qu'Il forge Sa volonté bien en nous. Cela, c'est Néhémie, un homme avec un fardeau, et un homme avec un cœur prédisposé, celui dont le cœur est profondément façonné par Dieu, afin qu'il puisse partager Sa douleur et Son travail divins.
Quelques pensées maintenant quant aux procédés de l'homme. Il y a premièrement l'homme lui-même, puis sa préoccupation pour le témoignage, et enfin ses méthodes de rétablissement. Il y avait eu une histoire avant que Néhémie ne se lève pour commencer définitivement son oeuvre, et il est bon de la noter simplement, car elle a une place; nous pouvons l'appeler une histoire préparatoire. Il y avait eu ces signes de faveur de la part du Seigneur, qui étaient une base pour ce qui devait suivre. Le roi avait discerné son état intérieur; il l'avait diagnostiqué comme un chagrin du cœur ; il avait questionné Néhémie au sujet de ce qui le troublait ; et nous remarquerons ce qui suit :
« Et le roi me dit: Que demandes-tu? Et je priai le Dieu des cieux. », Néhémie 2 :4
Un contact instantané, prompt, bref, avec le ciel. « Et je dis au roi... », Néhémie 2 :5. Je crois, bien-aimés, que c'est dans ces contacts qui ont leur écho dans le ciel et qui représentent une faveur divine, dans ces petites choses utiles, pourrions-nous les appeler dans toute cette affaire, où Dieu donne simplement l'indication de ce qu'est Sa voie, je crois que c'est en cela qu'Il est, dans ces signes favorables. Je crois que c'est dans ces choses qu'est représenté ce qui très souvent triomphe, lorsque le Seigneur veut faire quelque chose de nouveau à l'égard de Son témoignage.
Le Seigneur fait précéder, dirons-nous, de certaines indications de faveur ce qu'Il veut faire. Nous serons bientôt en présence de sinistres réalités; bientôt la foi sera éprouvée; les difficultés augmenteront, s'accumuleront; mais il y a eu ces petites indications favorables données par le Seigneur, et qui nous ont montré qu'Il était avec nous, que c'était bien là Son chemin. Elles pourront ne pas continuer, mais il y a juste ce court espace de temps, où le Seigneur semble porter témoignage de diverses petites manières utiles. Il constitue quelque chose que, aux jours de difficulté, d'obscurité et d'adversité, nous nous rappellerons toujours comme le moyen par lequel le Seigneur nous a montré que là était la tâche de notre vie, que là était le chemin de Sa volonté pour nous. Je pense que quelques uns d'entre nous savent de quoi j e parle, et nous pouvons regarder en arrière, au début d'une nouvelle expérience de vie, de service, d'un nouveau mouvement de Dieu en nous et par nous, à un moment où il y avait des marques précises de la faveur divine, où les choses se passaient de manière magnifique et merveilleuse; tout était très beau; tout tenait du prodige; nous étions remplis d'admiration en voyant le Seigneur accomplir les choses, faciliter et aider. Cela fut une phase; cela a passé, et les affreuses réalités y ont succédé; mais nous n'oublions pas ce moment.
Il en fut ainsi pour Néhémie. Pendant cette courte période, tout semblait être de son côté, pour lui; il y avait ces signes favorables du Seigneur. Tout cela, c'est très bon, et c'est une période préparatoire que l'on devrait chérir; mais si cela passe, ne pensons pas que nous nous sommes trompés. Le Seigneur nous faisait simplement entrer dans Sa voie; mais Il ne continuera pas à nous faire avancer dans le chemin par la vue; Il nous fera suivre la route par la foi. Il en est ainsi. Il arrive des choses remarquables au commencement, et ces choses remarquables ne se continuent pas toujours. Nous disons cela parce que c'est si vrai dans la vie et l'expérience, et c'est une chose que nous ne pourrions pas ne pas relever ici, lorsque nous contemplons ce mouvement de Dieu. Le cœur retourne très souvent à ces périodes, et il soupire pour les avoir encore, en s'écriant: « Qu'est donc devenu le bonheur que je connus lorsque je vis le Seigneur pour la première fois ? » Il soupire pour que les premiers signes de Dieu lui soient sans cesse répétés; mais non, nous avons avancé au delà de cette phase. Maintenant, le Seigneur nous aide à entrer dans le chemin ; Il ne nous attire pas dans un piège pour nous y laisser. Nous avons cette vie comme arrière-plan, et nous savons que tout a été du Seigneur, que c'est le Seigneur qui a tout fait. Nous ne sommes pas dans cette voie par notre propre mouvement, par notre effort, notre tentative, par nos projets, nos plans; c'est le Seigneur qui nous y a amenés et qui nous a fait la faveur d'indications marquées, pour nous assurer que c'était bien Sa voie. A ce moment-là, les signes prouvaient à ne pas s'y méprendre que ce chemin était bien celui du Seigneur; il n'y a aucun doute à ce sujet; le Seigneur a merveilleusement placé nos pieds sur cette route et, bien qu'il soit arrivé un point où nous avons cessé d'avoir ces signes évidents de l'action et de la direction divines, nous n'avons cependant eu aucun doute au sujet du chemin que nous savons être celui du Seigneur. Néhémie a rencontré des choses affreuses plus tard, mais il s'est assurément toujours rappelé la manière merveilleuse par laquelle le Seigneur avait facilité son initiation dans la voie où il avait été divinement conduit.
Il se peut que le Seigneur continue à nous donner certains de ces signes en route, mais ce sera l'exception et non la règle – s'Il le fait. Ne nous attendons pas à trouver notre chemin semé de roses tout au long. Nous verrons très vraisemblablement une fin aux roses et le commencement des épines; mais le Seigneur a indiqué que c'était la bonne voie, que c'était Son chemin, en nous aidant au début, et nous avons désormais à continuer par la foi. Cela a été une étape préparatoire pour Néhémie.
J'aimerais maintenant attirer votre attention sur la vie de prière de Néhémie. Cette vie de prière était la base de tout. Il faudrait relire le livre en entier, simplement pour tenir compte de ce fait. Nous verrons que la vie de prière de Néhémie était une chose très réelle, et une chose très persistante; nous pourrions presque dire, une chose continuelle, bien que n'ayant pas toujours le même caractère. Nous avons dans ce premier chapitre l'épanchement profonde et secrète de son cœur à Dieu. Il est là, seul avec Dieu, et dans une prière intense où il déverse son cœur , il se répand devant Dieu. Souvenons-nous qu'il peut faire cela. C'est une phase de sa vie de prière; il peut le faire et il le fait. Mais en continuant notre lecture, nous verrons qu'il n'en est pas toujours ainsi. Sa prière est souvent ce que nous pourrions appeler une imploration, un cri fervent du cœur : « Et je priai le Dieu des cieux. », Néhémie 2 :4.
C'est comme un cri fervent, le cœur qui s'élève soudain. Il n'y a pas de temps pour que le cœur se répande. Il y a ici une situation, un besoin, une position difficile, quelque chose qui se dresse et qui l'empêche de se retirer à l'écart avec Dieu, pour répandre son cœur, qui ne permet que de l'élever à Dieu, sur place, pour un instant et dans un contact avec le ciel; mais il est déjà en contact avec le ciel. Ces deux formes de prière doivent aller ensemble. Nous entendons beaucoup de personnes dire: « Oui, je peux prier partout; je peux prier dans l'autobus ou le train, ou bien en marchant dans la rue ». Ces personnes disent très souvent cela pour se dispenser d'une effusion secrète de leur cœur devant Dieu. Prenons garde à cela !
Je ne pense pas que nous recevrons les soudaines réponses du ciel à des cris soudains, si nous n'avons pas une vie de prière. Je ne crois pas que nous puissions avoir un contact subit avec le ciel, si nous n'avons pas un fond de vie profonde avec Dieu. La vie de prière de Néhémie présente ces deux choses à la fois; c'est parce qu'il avait cette vie de prière en secret avec Dieu, où il se répandait comme il le pouvait devant Lui, que dans les moments de besoin, il était déjà en contact avec le ciel et que le ciel répondait. Il est important de voir cela. Mais nous l'avons dit et il nous faut noter ce fait général, un instrument, un vase, pour un travail comme celui de Néhémie en un temps de la fin et en relation avec la venue du Seigneur, est essentiellement un vase et un instrument qui a une vie de prière intense, en secret avec Dieu ; et il est essentiel, pour faire intervenir le ciel dans les besoins urgents, qu'il y ait une formation d'un ministère de prière. Il me semble que Néhémie ne faisait rien sans prière. Il me semble qu'il élevait son cœur au Seigneur à chaque tournant du chemin; il était en contact avec le Seigneur dans chaque situation, à l'égard de chaque question et dans toute difficulté. Il était un homme qui avait fait de la prière son champ d'action, en tous points, dans chaque direction.
Maintenant que cela nous intéresse ou non, là n'est pas la question. La question est : allons-nous être pour le Seigneur un instrument pour l'accomplissement du profond dessein de Son cœur ? S'il en est ainsi, il nous faut avoir une vie de prière. Il doit y avoir une place où, à part et seuls avec le Seigneur, nous répandons notre cœur devant Lui; et à cause de cela, il doit y avoir un contact constant avec le Seigneur, à mesure que nous avançons point par point dans Ses intérêts. La vie de prière de Néhémie est quelque chose à méditer.
Il y a ensuite, pour Néhémie, la question de se mettre à l'action. Il se mit à l'action, et il y a là quelque chose dont il faut tenir compte. Il y a beaucoup de personnes qui ont des fardeaux et des préoccupations, mais qui ne font que se lamenter au sujet des situations existantes, qui ne font jamais plus que déplorer les choses. Elles parlent sans cesse du mauvais état des choses. Toute leur conversation n'a trait qu'à tout ce qui est mal, et elles vont se lamentant, à cause de l'état des affaires, parlant mais ne faisant jamais rien. Néhémie n'était pas comme cela. Néhémie est très vivement conscient de la situation, et il la prend très à cœur, mais il ne se contente pas de la déplorer, et il ne fait pas que prêcher sur ce sujet. Il ne faut pas que nous tombions dans une voie où nous critiquons les enfants de Dieu, parce qu 'ils ne sont pas où nous pensons qu'ils devraient être, parce qu'ils ne savent pas ce que nous jugeons qu'ils devraient savoir, parce qu'ils ne sont pas arrivés à la place où nous sommes arrivés. En le faisant, nous les considérons comme étant au-dessous de nous-mêmes, et nous parlons d'eux de cette manière: « Ils n'ont pas la lumière, vous savez; vous savez, ils ne sont pas entrés dans la vérité ». Oui, nous pouvons même aller plus loin et les juger pour leur lenteur, les accuser de ne pas avoir la lumière. Il est facile d'entrer dans une voie où l'on condamne, de développer un esprit de condamnation, de jugement. Tout cela ne coûte rien. La question réelle est celle-ci : qu'est ce que nous faisons à cet égard ? Néhémie, avec toute sa sensibilité et son discernement des choses, avec toute la douleur de son cœur, n' alla pas vers le peuple pour lui dire: « Écoutez, tous vous avez tort; vous êtes tous dans une mauvaise voie; vous êtes dans un triste état ». Non, il alla aux enfants d'Israël et leur dit: « Nous sommes dans un triste état ; nous sommes sur une mauvaise voie ». Il s'humilia à côté d'eux, comme s'il était où ils étaient, prêt à les aider à s'élever là où il voyait qu'ils devaient être, et à la place où il était déjà lui-même, en esprit.
Maintenant, ceci est une vérité qu'il nous faut reconnaître. Nous avons ici l'une des lois de ce qui est appelé l'Église, le Corps; et le corps physique est pris dans la Parole comme une illustration de l'Église, qui est le Corps de Christ. Supposons donc qu'une main ou un bras se soient fait mal, qu'ils soient peut-être sortis de leur articulation, tout un côté du corps en sera affecté, et les fonctions se feront mal; ce sera le désordre, peut être la maladie; ce sera peut être une maladie pénible de ses membres, de cette partie du corps. Maintenant, si l'autre main et l'autre bras se levaient pour dire : « vous avez tout à fait tort, vous autres ; vous ne devriez pas être comme cela; nous ne vous appartenons pas du tout, nous n'avons aucune association avec vous, aucun lien! », Est-ce que cela serait vrai ?
« Le corps est un. », 1 Corinthiens 12 :12.
Nous ne pouvons pas séparer deux ou trois des membres de notre corps, les mettre d'un côté et le reste de l'autre, et avoir cependant un corps complet. Non, le fait même de l'organisme signifie que nous sommes un corps; et si l'un des membres souffre, tous les membres souffrent avec lui. Puisque le corps est un organisme et non une organisation, chaque membre, même si son état n'est pas aussi mauvais que celui de quelques autres, est impliqué par sa vie même dans l'état des autres membres. Le corps a une vie; il a un système nerveux; il est un tout corporatif. C'est ce principe que nous trouvons ici – nous – et la loi du corps est celle-ci : s'il y a des membres qui sont hors du chemin, qui n'ont pas la lumière, la vérité, la vie, comme nous pensons qu'ils devraient les avoir, étant un seul corps, nous ne pouvons pas vivre détachés d'eux. Nous sommes, par le fait même d'être un organisme spirituel, liés à eux, une part d'eux-mêmes; et le Seigneur ne va pas séparer ce Corps par le milieu et en enlever cette moitié qui est en arrière de l'autre. Oh! non; ce n'est pas là la voie du Seigneur. Le Seigneur ne divise pas le Corps; le Corps est un tout; et vous remarquerez dans toute la Parole de Dieu que le Seigneur fait entrer certains membres dans un réel fardeau à l'égard des autres, afin d'amener ceux-ci à la place où Il veut les avoir. Et Néhémie, bien que spirituellement fort au-dessus de l'état de son peuple, beaucoup plus avancé qu'eux tous, s'abaisse là et dit: « Nous... »
Croyez-moi maintenant, je sens très vivement que ce que le Seigneur veut, c'est qu'il n'y ait jamais la marque de cette division, qui est le fruit et le résultat de toute supériorité de lumière, de connaissance et de vérité, et qui met ceux qui n'ont pas cette lumière et cette vérité dans une place inférieure, qui les relègue dans un autre endroit et les regarde comme quelque chose à part du peuple du Seigneur. Cela ne doit pas être, et notre attitude, l'attitude de ceux qui peuvent avoir reçu plus de lumière, non pour eux-mêmes, mais en vue du ministère envers tout le Corps, l' attitude de ceux-là à l'égard des autres, c'est de se mettre à leur place, pour les aider et non pour juger, critiquer ou condamner. Oh! non, le Seigneur ne nous récompensera pas pour avoir eu plus de lumière, mais selon ce que nous aurons fait de la lumière qu'Il nous a donnée.
Il y aura beaucoup d'enfants de Dieu dans la gloire, qui n'avaient pas eu la moitié de la lumière que nous avions, vous et moi, et ils partageront Sa gloire autant que vous et moi, mais sur la base de ce qu'ils ont fait de la lumière qu'ils avaient. La responsabilité grandit selon la mesure de lumière. Notre responsabilité sera plus grande, si nous avons plus de lumière. Notre attitude à l'égard de tous ceux que nous ressentons – et nous avons de bonnes raisons de ressentir les choses ainsi – comme étant très loin d'être ce que le Seigneur voudrait qu'ils soient, doit être une sérieuse et humble aspiration pour eux, une sympathie qui s'abaisse jusqu'à eux, pour les aider; nous ne pouvons pas nous détacher d'eux pour vivre à part, en nous contentant de les regarder comme des gens qui n'ont pas la lumière. Il faut nous avancer comme Néhémie, en disant : « Nous sommes tous engagés dans cela ». S'il y a un triste état, nous y sommes tous engagés ; en dehors de la lumière que nous avons, nous y sommes impliqués. Notre responsabilité pour la lumière nous engage ; et nous devons prendre la responsabilité de l'état des choses et œuvrer avec Dieu contre cet état, dans l'amour et dans la communion. C'est ce que fit Néhémie.
Oh! que le Seigneur parle à nos cœurs très directement, par le moyen de ce message, et qu'Il veuille nous faire voir qu'il y a quelque chose dont Il a besoin, quelque chose qui doit être pour qu'Il soit entièrement satisfait, que les choses en Son peuple ne sont pas ce qu'Il voudrait qu'elles fussent, que le témoignage entier de Son Fils n'est pas représenté comme Il voudrait qu'il le fût. Pour qu'il puisse en être ainsi, Dieu doit avoir un instrument, un vase; et les choses qui doivent caractériser un tel instrument sont celles-ci: une l'énergie spirituelle contre tous les compromis et les mélanges dans les choses de Dieu, un lourd fardeau du cœur pour le témoignage du Seigneur, une responsabilité personnelle prise à l'égard du triste état des choses, un contact profond et continu avec Dieu par la prière, une action prise en communion avec Dieu, en vue du rétablissement.
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