par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony » Nov-Déc 1965, Vol. 43-6. Source : « A Good Warfare ». (Traduit par Didier Lebeau).
« Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée, selon les prophéties qui ont été précédemment faites à ton sujet, afin que par elles tu combattes le bon combat », 1 Timothée 1 :18.
« Combats le bon combat de la foi; saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins », 1 Timothée 6 :12.
« Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ », 2 Timothée 2 : 3.
Si nous devions retenir un seul fragment représentatif de ces deux lettres, je pense que ce serait le dix-huitième verset du premier chapitre de la première lettre de Paul à Timothée : « Je te confie cette ordonnance, mon enfant Timothée … que tu combattes le bon combat. » Méditons un instant sur ces deux lettres.
Tout d’abord, rappelons que Timothée était un jeune homme. Comparé à des hommes considérés comme forts, il était apparemment de frêle constitution. Paul met ceci en évidence en l’exhortant à être fort de corps et d’esprit. Dans ce contexte, nous devons nous souvenir de toutes ces choses pour lesquelles l’apôtre Paul mandate et responsabilise ce jeune homme. Ces deux épîtres contiennent certaines des plus grandes choses jamais confiées à un homme, qu’il soit jeune ou âgé. Aussi, Paul ne tient pas entièrement compte de la jeunesse de Timothée. Au contraire, il élève ce jeune frère à un très haut niveau, cherchant à lui faire comprendre que la grâce et la puissance de Christ peuvent faire de lui un homme d’une grande envergure spirituelle.
L’idée répandue parmi les hommes, est de tout ramener aux capacités naturelles. Or, la Parole de Dieu démontre que le Seigneur cherche toujours à élever les hommes, au-delà de leurs aptitudes naturelles, vers quelque chose de bien plus haut. Ainsi, Timothée n’est pas considéré comme quelqu’un de faible, qui importe peu dans les choses de Dieu. Au contraire, Paul s’adresse à lui de façon à nous faire réaliser combien l’appel de tout serviteur de Dieu est transcendant ! Combien une telle vocation est suréminente !
Ceci s’applique non seulement à ceux qui sont jeunes dans la foi, mais également à tous ceux qui appartiennent au Seigneur. Ces épîtres sont un grand appel à la maturité, à s’élever au-dessus de tout, car c’est le Seigneur qui nous y convie. Ayant présenté les choses telles quelles sont, examinons cet appel de plus près. Nous allons maintenant considérer la signification dominante de ces lettres et non pas nous arrêter à tous les détails qui s’y trouvent. Il ne s’agit pas d’étudier ces épîtres méthodiquement, verset par verset, ni même d’en considérer les principaux passages. Nous chercherons plutôt à voir ce qu’elles signifient pour nous dans leur ensemble. A cette fin, nous devons commencer par contempler l’auteur lui-même, l’apôtre Paul.
Nous savons que Paul écrivit ces lettres en prison. C’était ici son ultime emprisonnement après plusieurs autres. Pour ainsi dire, la seconde épître nous amène au point où le bourreau tient le glaive en main. Paul écrit : « Je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé », (2 Timothée 4 :6). Lorsqu’il écrit sa seconde lettre à Timothée, sa vie est arrivée à son terme. Il est généralement admis qu’un certain laps de temps s’est écoulé entre ces deux lettres. Après avoir écrit la première, alors qu’il était en prison à Rome, Paul fut relâché pour un temps. Puis, il fut arrêté de nouveau et condamné à mort. Quoi qu’il en soit, Paul, au moment de cette deuxième épître, est arrivé à la fin de son séjour ici-bas. Il est emprisonné et, comme l’indique cette lettre, il demeure presque seul.
Ces lettres sont caractérisées de façon frappante par le fait que l’apôtre Paul reste constamment dans l’ardeur et l’effervescence du combat de la foi. Quelles que soient la situation et les circonstances, la ferveur habite toujours dans son cœur. C’est la flamme du combattant. Remarquons les termes militaires employés par l’apôtre, tels que « soldat » et « combat » par exemple. Ces deux lettres sont pleines de l’esprit battant et combatif de cet apôtre héroïque. Nullement refroidi, il cherche à stimuler et à dynamiser le feu intérieur dans le cœur de ce jeune homme.
Quelle dette de l’Eglise, à travers les siècles, envers cet esprit vaillant et intrépide de l’apôtre ! Il ne capitula jamais ni ne déposa jamais les armes. Il fut parfois blessé, éraflé et abattu, portant sur lui les marques d’un très long combat. Jusqu’à la fin, il ne désarme pas, ni ne se laisse dominer. Je répète que l’Eglise a contracté une immense dette envers cet apôtre. Ce genre d’esprit combatif jusqu’à la fin placera toujours les autres dans une position de responsabilité et d’exigence – sous une grande obligation.
Si vous et moi, nous sommes tentés de battre en retraite, de fléchir ou d’abdiquer, si nous avons l’impression que ce combat est perdu d’avance, nous perdons beaucoup nous-mêmes. En outre, nous privons nombre de frères et de sœurs d’obtenir ce à quoi ils auraient pu prétendre si seulement nous avions combattu jusqu’à notre dernier souffle.
Le temps et le facteur temps sont déterminants dans ces épîtres. Nous savons que Paul avait laissé Timothée à Ephèse, et qu’il y exerçait des responsabilités au sein de l’assemblée. En quelque sorte, Ephèse était la porte de toutes les assemblées d’Asie Mineure. Depuis Ephèse, la Parole de Dieu se répandit dans toute cette région. Dans le livre de l’Apocalypse, la toute première assemblée nommée parmi les sept églises est Ephèse. Il est important de nous rappeler ces faits lorsque nous considérons ces deux épîtres à Timothée, car ils en éclairent le contenu. Ce temps d’alors était d’une extrême importance.
Paul fut exécuté en l’an 68. Jean écrivit l’Apocalypse - donc ces lettres aux sept assemblées d’Asie - en l’an 96. Ainsi, vingt-huit ans séparent les conditions spirituelles évoquées dans les épîtres à Timothée puis dans le livre de l’Apocalypse – et quelles conditions ! Pensons à tout ce que le Seigneur accorda à ces assemblées d’Asie au travers de Paul. Combien cet homme s’est investi et sacrifié pour ces assemblées. Nous pensons à ces merveilleuses lettres aux Ephésiens et aux Colossiens, et aux autres qui circulaient alors parmi ces assemblées. Considérons une seule de ces lettres, celle aux Ephésiens par exemple. La profondeur des choses qui y sont écrites est telle que jamais nous ne pourrons l’épuiser même avec la plus longue des vies. Tant de sagesse, tant de révélation et de connaissance, tout ceci se trouve pratiquement éteint en l’espace de vingt-huit ans. Nous lisons ces lettres de Paul aux assemblées d’Asie, puis celles du livre de l’Apocalypse. Vingt-huit ans les séparent ! Quelle tragédie ! Un homme avait pu autant se donner, ces assemblées avaient tellement reçu et pourtant moins de trois décennies plus tard, le Seigneur avait dû dire : « Je connais tes œuvres : J’ai contre toi, j’ai quelque chose contre toi, repens-toi. » Dans ces deux chapitres de l’Apocalypse, nous découvrons une situation spirituelle déplorable. Comment ceci fut-il rendu possible ? Voyez-vous, j’appelle cela le facteur « temps » et il est très significatif.
Le commencement, ou les commencements de cette triste situation évoquée dans le livre de l’Apocalypse, vingt-huit ans après, figurent déjà dans les lettres à Timothée. Nous y trouvons l’amorce du déclin, ainsi que l’attitude des assemblées envers Paul à la fin de sa vie. Quelle était donc la position de ces assemblées envers l’apôtre et son ministère ? (Bien entendu, l’homme et le ministère ne font qu’un). Paul écrit : « – tous ceux qui sont en Asie … se sont détournés de moi. », (2 Timothée 1 :15).
Ceci est très révélateur et démontre à quel point l’attitude de beaucoup changea par rapport à l’homme et à son ministère. Ensuite, Paul nomme en particulier cinq hommes qui s’opposèrent à lui et à sa doctrine. Il y avait Alexandre, l’ouvrier du cuivre, à propos duquel Paul déclare : « [il] a montré beaucoup de méchanceté envers moi », (2 Timothée 4 :14). Il y avait aussi Hyménée et Philète (2 Timothée 2 :17) puis Phygelle et Hermogène (2 Timothée 1 :15). Paul les désigne comme faisant partie de ceux qui s’opposèrent à lui et à son enseignement. Ces cinq hommes lui montrèrent « beaucoup de méchanceté ». Telle fut leur attitude, et, apparemment, ces hommes jouissaient d’une certaine influence dans l’assemblée. Lorsque pour une dernière fois, Paul appela les anciens de l’assemblée qui était à Ephèse, il leur dit : « Il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux . » (Actes 20 : 30). Certains étaient opposés à la saine doctrine au sein même de l’assemblée.
Paul dit ensuite, comme avec un soupir de tristesse : « Démas m'a abandonné, ayant aimé le présent siècle ; et il s'en est allé à Thessalonique . » (2 Timothée 4 :10). Démas s’en alla à Thessalonique, ce fut sa tragédie. En prenant en compte ce que Paul écrit aux Thessaloniciens, nous comprenons que Démas n’a certainement pas été le bienvenu parmi eux. Les assemblées de cette région étaient d’une grande loyauté envers Paul. Lorsque Démas parvint à Thessalonique, je ne pense pas qu’il y soit resté longtemps. Paul rappelle : « Démas m’a abandonné », « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi », « Luc seul est avec moi ». Nous percevons un changement radical d’attitude de la plupart envers l’apôtre et son ministère, celui à qui ils devaient tant.
A l’évidence, Timothée a besoin d’être encouragé et fortifié : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus … Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ . » Ces deux lettres abondent de ce genre de recommandations. Timothée faisait face à de grandes difficultés, peut être en raison de ce changement d’attitude envers Paul, et peut être aussi en raison de son association avec lui. Le verset suivant semble l’indiquer : « N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. » (2 Timothée 1 :8). Vous connaissez le principe : si quelqu’un est objet de la défiance et se trouve placé sous un nuage de suspicion, les plus faibles éviteront de révéler leur association avec un tel individu. Pour essayer de garder la face, ils chercheront à cacher une telle relation et ils tairont leur association avec celui qui est placé sous la suspicion. Il semble clair que Timothée devait faire face à une semblable situation « … ni de moi son prisonnier », écrit l’apôtre.
Tant d’éléments font ici référence au combat, à la bataille. Timothée devait être fortifié, exhorté et encouragé à tenir ferme. Il était sous la menace d’être découragé, d’être pris au dépourvu. Il devait affronter l’influence de ces hommes puissants tel Alexandre, l’ouvrier du cuivre, et de tous les autres aussi. C’est pourquoi Paul l’exhorte ainsi : « Que personne ne méprise ta jeunesse. » (1 Timothée 4 :12). Voyons-nous la situation critique à laquelle Timothée devait faire face ? Il avait bien besoin de lire ces paroles de l’apôtre Paul.
Nous voyons, surtout dans la seconde lettre à Timothée, que Paul met l’accent sur une deuxième chose à savoir le comportement dans la maison de Dieu : « Afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu. » (1 Timothée 3 :15). Plusieurs autres sujets viennent en complément : les anciens et les serviteurs, les questions concernant la conduite, les positions, les services et les comportements dans la maison de Dieu. Pourquoi autant de sujets, de conseils, d’informations ? Parce que les choses commençaient déjà à se dégrader. De toute évidence, l’ensemble de ce qui concernait l’assemblée et son fonctionnement devait être le sujet de corrections, de remises en question, de renforcement spirituel, d’exhortations diverses. Ces lettres de Paul signifient que les conditions spirituelles évoquées dans le livre de l’Apocalypse avaient déjà commencé à arriver dès la fin de la vie de l’apôtre. Le déclin durera les vingt-huit années qui séparent les lettres à Timothée et le livre de l’Apocalypse. Paul savait ce qui était en jeu et comment les choses évolueraient si rien n’était fait.
A cause du déclin se développant et des ennemis internes et externes aux assemblées, nous trouvons ces appels répétés au combat : « – que tu combattes le bon combat … combats le bon combat de la foi … comme un bon soldat de Jésus Christ ». Il ne doit exister aucun sentimentalisme dans la foi chrétienne, aucune complaisance. L’Eglise n’est pas un lieu de divertissement, c’est un camp d’entrainement pour les soldats de la foi. C’est un lieu de préparation pour le combat et s’il y a des blessés, c’est aussi un lieu où ceux-ci sont guéris afin de les relancer dans la bataille. C’est ce que ces épîtres enseignent au sujet de l’Eglise. Les assemblées n’existent pas pour que nous y trouvions toutes sortes de divertissements. Nous devons prendre conscience que nous sommes engagés dans un des plus âpres combats. Tout ce que Paul et Jean ont écrit à propos des assemblées d’alors est toujours valable aujourd’hui. Ne nous voilons pas la face quant à ces choses qui demeurent d’une extrême importance.
Quelles étaient donc les circonstances et les forces en jeu, pour que Paul lance un tel défi à Timothée ?
Nous devons préciser ici, comme le dit Paul dans son épître aux Ephésiens, que cette lutte n’est pas « contre le sang et la chair » ; c'est-à-dire ni contre l’homme, ni contre des choses. Avez-vous remarqué que Paul dit au sujet d’Alexandre : « Alexandre, l'ouvrier en cuivre, a montré envers moi beaucoup de méchanceté ; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Il est possible que Paul se soit montré vindicatif et amer envers cet homme. Peut-être a-t-il sorti son épée contre lui ? Car Paul était fort capable d’utiliser des paroles puissantes lorsqu’il le désirait. C’est ainsi qu’il s’oppose contre les imposteurs en Galatie : qu’ils soient « anathème », autrement dit, que la malédiction divine soient sur eux (Galates 1 : 8, 9). Mais bien qu’Alexandre ait usé de beaucoup de méchanceté envers Paul, celui-ci écrit : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Je le laisse aux mains du Seigneur. Il ajoute même : « que cela ne leur soit pas imputé » (2 Timothée 4 :16). Paul ne combat pas contre les hommes, contre le sang et la chair. Il s’agit d’un combat spirituel. C’est ce que nous devons retenir tandis que nous examinons quelques aspects de ce conflit.
De toute évidence, l’apôtre Paul lance un appel déterminé contre le déclin et la régression spirituels, contre l’amoindrissement de la vie spirituelle. La vie spirituelle de l’Eglise est toujours en danger d’affaiblissement, de régression, d’obscurcissement spirituels. Parfois ces choses sont exprimées de façon convaincante : « Retournons au simple Evangile ! » C’est une autre façon d’exprimer : « Ne nous élevons pas trop haut dans les choses spirituelles. Contentons-nous de ce qui est facile et plaisant ! »
Dans ce contexte, l’apôtre enseigne : « Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s'amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises. » (2 Timothée 4 :3). Autrement dit : « S’il vous plait dites-nous des choses agréables, des choses divertissantes, apaisez-nous avec votre langage et enlevez-nous ce désagrément de cet incessant appel à quelque chose de plus haut et de plus grand. Changez les choses pour nous, ramenez-les à notre niveau. » Cette attitude, précisément, fit faire naufrage aux assemblées de l’Apocalypse et leur valurent d’être blâmées par le Seigneur vingt-huit ans plus tard. Paul désire mettre ceci en avant : « Timothée n’aies rien à voir avec ces choses. Ressaisis-toi ! La lutte n’est pas avec la chair et le sang. Elle se situe en fait contre cette tendance persistante à affaiblir la vie spirituelle, à sans cesse régresser. Ne considère même pas cette perspective – à aucun prix ! Maintiens le niveau spirituel auquel tu as été appelé. »
« Timothée, sois en garde contre toute perte éventuelle de la plénitude qui t’a été révélée et à laquelle tu as été appelé. » Sans aucun doute, l’apôtre Paul a toujours présenté la plénitude de l’appel céleste en Christ à tous ses auditeurs, aux assemblées et à ses collaborateurs, vocation qui demeure très riche et élevée.
Dans ces épîtres de Paul, nous constatons la tendance - déjà généralisée - à la dégradation et à la dévalorisation de cette vocation ; d’où son encouragement : « Combats le bon combat de la foi. » Ce que Paul entendait par « la foi » est expliqué dans toutes ses lettres : la foi représentait quelque chose d’immense et rempli de signification. Le danger toujours présent, à cette époque comme aujourd’hui, est d’abandonner quelque aspect de la foi, d’en sacrifier une partie, de concéder certains aspects de la grande plénitude de Christ à laquelle nous sommes tous appelés.
Timothée doit aussi affronter toute possibilité de rituels et de cérémonials qui auraient pour effet l’extinction de la spiritualité et de la vie.
Il apparaît clairement que Paul a beaucoup à dire au sujet des anciens : sur leur comportement, leurs aptitudes et capacités, leurs critères de vies, leurs dons. De même à propos des serviteurs : ceux qui servent l’assemblée, qui s’adonnent à toute sorte de service. Alors qu’il met en avant tant de choses en rapport avec le peuple de Dieu et la vie d’assemblée, il tend à corriger certaines conditions qui commençaient à prévaloir. Quelles étaient ces conditions ? Tout ce qui se résumait à des coutumes, des usages, des traditions. Par exemple, que la vocation d’ancien ne soit réduite à une simple fonction, idem pour les serviteurs ou, à l’inverse, que ces hommes élèvent la position et le prestige au-dessus du service sacrificiel. L’apôtre cherche à arrêter une tendance qui sacrifie la vie et la spiritualité au profit de la médiocrité des usages et des traditions. Si nous le comprenons bien, Paul s’exprime de la façon suivante : « Un ancien n’est pas un officiel. Il n’est pas élevé à cette position en vertu d’un certain savoir ou de certaines ressources, d’une place sociale ou d’une relative popularité. Le danger serait d’accorder certaines responsabilités à des hommes tout en s’appuyant sur ce genre de critère. Appartenant à une certaine classe sociale, ils sont aisés, ils disposent de reconnaissance parmi les hommes et ainsi une position leur est octroyée. » Paul dit « Non ! » à ce genre de raisonnement. Un ancien est un homme spirituel ou alors il n’est rien. Ces fonctions doivent être préservées par des moyens spirituels, il n’est pas concevable de les laisser se métamorphoser en autre chose. Ces principes s’appliquent à tous ceux qui exercent des responsabilités dans l’assemblée. L’assemblée n’est pas une quelconque entité organisée et tenue par des rituels, des usages ou traditions. L’assemblée est un corps vivant – une expression vivante du Seigneur Jésus – sinon, elle n’est rien.
J’aimerais ajouter plusieurs choses à propos de l’Eglise du Nouveau Testament. Comme vous le savez, beaucoup a été dit et écrit au sujet des assemblées du Nouveau Testament. Je me demande quelles sont ces idées et ces vues. Personnellement, j’ai étudié ce sujet pendant plusieurs décennies, et aujourd’hui je suis obligé de dire : « Je me demande à quoi ressemble une assemblée du Nouveau Testament ! » En fait, nous ignorons ce qui se passait vraiment dans ces assemblées. Nous disposons de certains éléments, de certains principes spirituels et de certaines lignes de conduite, des choses qui doivent être maintenues. Mais je désire faire remarquer que la caractéristique principale des assemblées du Nouveau Testament était la spiritualité. Au commencement, il n’y avait rien de cérémonieux, rien de traditionnel : seule la vie prévalait.
Dans ses lettres adressées à Timothée, l’apôtre laisse entendre que tout ce qui touche les assemblées a commencé de dégénérer par le formalisme, le légalisme, l’autocratisme. Le cri de Paul était : « Timothée, tiens ferme contre ces choses ! Fais barrage contre elles ! Combats pour la spiritualité, pour la vie » ; « saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé ».
Timothée se devait de combattre la perte de cette ferveur, de cette vigueur, de cet enthousiasme spirituels qui étaient le vrai caractère du Seigneur et de Ses serviteurs. Ici Paul encourage : « je te rappelle de ranimer le don de grâce de Dieu qui est en toi ». Il exhortait Timothée à attiser le feu de la foi, à le raviver car les éléments spirituels périclitaient rapidement, ils s’étiolaient. La flamme de la vie se trouvait menacée. Vous savez, lorsque les choses deviennent formelles, la ferveur spirituelle disparaît. Un tel état des choses prouve que ce qui était grand, louable et digne n’est plus. Combien Paul exhorte Timothée à maintenir un haut niveau de spiritualité ! Il souhaite que cette attitude de Timothée soit communicative et transmissible : « Ranime Timothée, ranime la ferveur spirituelle ; combats contre la perte de la vigueur de la foi ! » Dans une autre lettre, Paul exprime cette pensée : « Quant à l'activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servant le Seigneur » (Romains 12 :11). Le sens de cette phrase est en fait : « Maintenir la ferveur spirituelle ». Paul insiste auprès de Timothée précisément sur ce point : « Ranime le feu ! Ne perds aucune ferveur, maintiens la vigueur spirituelle et résiste à tout ce qui la menace ! »
Enfin, Timothée se doit de combattre contre toute tendance qui provoquerait la diminution de la responsabilité et de la vocation spirituelles. C’est ce qui est indiqué par Paul lorsqu’il écrit : « O Timothée, garde ce qui t'a été confié ». Le sens du propos de Paul est : « Timothée préserve à tout prix la charge, l’obligation qui t’ont été confiées. Conserve cette administration qui t’a été conférée et défends-la contre toute tendance à la régression. Maintiens et protège ta vocation. »
Tout ce que Paul dit alors à Timothée, il l’adresse aussi à nous aujourd’hui encore. Du plus jeune au plus âgé parmi nous, nous devrions tous avoir un sens de vocation élevé et fort. Ceci n’est pas du tout optionnel : que nous le désirions ou pas, que cette position nous convienne ou pas, ceci ne change en rien la réalité des choses auxquelles nous avons été appelés. Nous ne pouvons pas choisir lorsque le Seigneur nous appelle. Nous sommes contraints d’aller de l’avant ; c’est notre responsabilité. C’est une charge qui nous a été confiée.
En nous souvenant d’Esdras, nous nous rappelons que lorsqu’ils se mirent en route pour reconstruire la ville, ils emmenèrent avec eux des biens précieux pris à Babylone, de l’or et de l’argent. Ils durent apporter l’ensemble à Jérusalem, sans aucune perte, dans sa totalité et ils réussirent à le faire. Ils invoquèrent l’Eternel afin qu’Il les protège en route et qu’ils puissent ramener ce trésor à destination. Il est écrit qu’ils rapportèrent tout ce qui leur avait été confié et ils le déposèrent dans la maison de Dieu. Rien ne fut ni perdu ni égaré. C’était une charge, un dépôt, une administration qu’ils gardèrent jusqu’au bout.
Chers amis, le témoignage de Jésus nous a été confié dans sa plénitude à vous et moi. Il nous a été confié une grande révélation de Christ. Nous constatons que, pour une majorité, la chrétienté se limite au domaine des sens : les gens y recherchent ce qu’ils désirent obtenir pour eux-mêmes. Nous sommes donc confrontés à un défi : maintenir coûte que coûte la vérité de la foi et de la vie spirituelle, même au prix de notre vie. Nous devons nous assurer que rien de tout ce qui nous a été confié ne soit perdu. La question n’est pas de savoir si cela nous convient ou non, d’y trouver quelque satisfaction personnelle, d’obtenir un certain loisir. Non ! Nous sommes engagés dans un combat ! La question demeure la suivante : sommes-nous prêts et déterminés à rapporter au but ce trésor, ces richesses qui nous ont été confiés, c'est-à-dire aux pieds du Seigneur et ce, en dépit de toutes les adversités ? Serons-nous capables de dire en ce jour-là : « Voici Seigneur, je te rends ce que tu m’avais confié, rien n’a été perdu. Tu m’as donné abondamment, je te restitue tout. » En référence à la parabole des talents, ce qui est rendu l’est avec intérêts, avec une multiplication.
En considérant ces lettres à Timothée, nous voyons clairement l’appel et le défi qui lui sont adressés en tant que membre représentatif de l’assemblée : il ne doit rien perdre de sa vocation céleste. L’exhortation s’adresse à la responsabilité envers Christ et envers Son Assemblée qui est Son Corps. Nous ne sommes pas ni des observateurs passifs, ni des passagers oisifs qui attendent d’être choyés, portés et nourris. Nous devons faire partie de ceux qui endossent des responsabilités dans une perspective de vocation. A chacun d’entre nous, le Seigneur Jésus Christ a confié un dépôt, une charge. Au dernier jour, Il contemplera ce que nous en avons fait.
Voyez-vous, c’est ici la signification de ces lettres adressées à Timothée. Aujourd’hui, nous sommes malheureusement devenus familiers avec la médiocrité au niveau spirituel. Nous sommes habitués à cette tendance constante à la détérioration, à l’avilissement, à la corruption du domaine spirituel. C’est un combat incessant que d’essayer de garder les critères du Seigneur, de maintenir les choses spirituelles à leur niveau, de préserver la plénitude spirituelle. Nous devons faire face à toutes sortes d’adversités : les pressions diverses, les influences néfastes, les découragements multiples, les déceptions amères, les frères déloyaux et perfides – il y a des Alexandre, ouvriers du cuivre.
C’est pourquoi le conflit et le combat ne cesseront jamais. Nous y serons engagés jusqu’à la fin. Depuis sa conversion jusqu’à son exécution, la vie de Paul fut marquée par les conflits et il n’y eût point de relâche jusqu’au terme de son existence. Si, de fait, le témoignage de Jésus est inextricablement lié à un instrument, qu’il soit individuel ou collectif, il est alors inéluctable que Satan et ses forces maléfiques s’acharnent dans une grande opposition. Car un tel instrument est suscité, en partie, pour tenir ferme contre ces puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. Que ce soit individuellement ou collectivement, si nous sommes appelés en réalité selon l’appel céleste du Christ Jésus, alors nous n’échapperons pas à cette antipathie et à cette opposition des forces mauvaises. Ainsi, le combat durera jusqu’à ce que nous ayons résisté : « et, après avoir tout surmonté, tenir ferme. » Que le Seigneur nous fortifie et nous affermisse jusqu’à la victoire finale !
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